Par Jean-Jacques DEBIAIS – jeanjacques.debiais@orange.fr

 

Dans le numéro 1070 de L’Abeille de France – juillet-août 2019, un premier article relatif à une méthode de repérage de nids de frelons asiatiques était paru en mentionnant la technique et les résultats de l’opération.
Depuis cette publication, un nombre important d’informations concernant le piégeage a été développé mais aucune nouvelle du repérage : prof. pas à la hauteur ? ou manque de motivation de la part des élèves…?
Et pourtant ça tourne… L’un des meilleurs moyens de lutter contre Vespa velutina consiste à détruire l’animal au nid.
Nous avions repéré, pendant la saison 2018, 15 nids par méthode visuelle ; 2019 : année calme (peu de prises dans notre région) et cette saison 2020 s’est terminée par 20 nids repérés et 12 signalés par des particuliers. Soit un total de 32 emplacements sur une surface d’environ 16 km2 : une vraie invasion de ce conquérant.

Appât frelons

La technique de repérage des nids est globalement conservée, avec quelques améliorations apportées par l’expérience : à savoir, en reprenant l’article originel pour les non avertis et les non convertis… :
« Il suffit de disposer sur un support, suffisamment éloigné du rucher, un récipient garni de miel et de cire de désoperculation et d’attendre le gibier. Qui ne se fait pas prier, 24h max, pour venir se lester de sucre. Une fois le jabot plein, notre animal repart direct au nid avec une précision de direction à faire pâlir une boussole…
On s’équipe alors d’une paire de jumelles et on suit notre gibier sur une centaine de mètres ou plus pour les plus entraînés. Le nid est précisément sur l’axe de vol en terrain découvert…
Facile ? Oui , après quelques essais et le choix des armes… Une paire de jumelles courante, une 7-50 par exemple suffit (grossissement 7 et diamètre de l’objectif 50mm) et un appât judicieusement placé : en terrain dégagé et plutôt dans un creux pour suivre le plan de vol dans un ciel clair pour le contraste. »

Petites variations introduites dans le protocole
– les appâts peuvent être plus protéinés l’été et plus sucrés l’automne ;
– on dispose plusieurs appâts (2, 3, 4…) répartis sur une centaine de mètres pour des résultats plus rapides ;
– prendre de la hauteur, si possible, et scruter les cimes des arbres à la jumelle dans les directions prises par les frelons ;
– et persévérer quand on tient une piste…

 

Résultats
La campagne s’est déroulée entre juillet et novembre 2020 avec :
– 5 nids dans des ronciers, à environ 1 mètre du sol
– 4 nids sous abris (charpente, toiture, bâche…)
– 23 nids en sommet d’arbres
soit un total de 32 sites dont 20 repérés par suivi visuel.

Carte des emplacements de nids de frelons – 2020

Réflexion et constat
Ce nombre important de nids sur notre commune se traduit par une population de prédateurs qui ne peut que perturber notre environnement. La population des autres insectes, actuellement en déclin, est menacée par l’envahisseur. On peut le constater sur la taille moyenne des nids de frelons, taille qui s’est réduite par rapport aux autres années, par manque de nourriture des Vespa velutina.
Le taux de reproduction de notre hôte (de 500 à 1 000 nouvelles fondatrices par nid – source M.N.H.N.) permet à l’insecte de se répandre rapidement et de saturer l’environnement. Cette sélection s’est peut être développée sous d’autres climats, avec des conditions de survie plus difficiles… mais son déplacement sous nos latitudes n’exige pas ce fort taux d’ensemencement.
Nous avons découvert un premier nid, dans un roncier, dans notre commune en 2008, à environ 200 km de son lieu de départ présumé ; la bestiole est donc capable d’effectuer des déplacements annuels de 50 km. Si nous arrivons à détruire tous les nids sur notre espace restreint (environ 16 km2) durant l’été, nous pourrions avoir, malheureusement, le même taux d’infestation l’année suivante, vu la capacité de déplacement
de la bestiole. Pour limiter la colonisation permanente du frelon asiatique, une action globale sur tout le territoire est nécessaire.

Entraînons-nous à repérer les nids par la méthode exposée plus haut. À défaut d’extinction complète de l’animal, nous pourrions, nous apiculteurs, faire tomber la pression et dormir plus sereinement…

 

Article paru dans l’Abeille de France d’avril 2021

 


 

Dans la lutte contre le frelon asiatique, nombre de mesures ont été exposées dans le mensuel de février dernier.
Nous pouvons en ajouter une de plus, qui ne sera sans doute pas la dernière. Dans notre commune, plusieurs apiculteurs, ennuyés par la présence de nombreux frelons devant leurs ruches, ont mis au point différentes techniques, aussi diverses et variées qu’il existe d’intervenants, pour limiter la prédation.
La solution la plus efficace dans cette lutte consiste au repérage des nids des sieurs Vespa, et d’intervenir ensuite pour leur destruction ; cette dernière action trouve le plus souvent une solution adaptée aux circonstances.
Concernant le repérage des nids, nous avons utilisé une technique visuelle qui a permis de trouver 15 nids dans un rayon d’environ 1,5 km autour du centre communal.
Au départ, on peut remarquer qu’un frelon ayant dépecé sa proie, une abeille prélevée devant une ruche par exemple, repart dans une direction bien définie.
L’observation ne dure pas très longtemps car notre acuité visuelle ne nous permet pas de suivre l’insecte sur plus d’une dizaine de mètres. Mais si le nid est proche et si la chance sourit, cela suffit quelquefois à une heureuse découverte.
La méthode peut s’améliorer si l’on est perspicace et si l’on fait partie des winners…
Il suffi t de disposer sur un support, suffisamment éloigné du rucher, un récipient garni de miel et de cire de désoperculation et d’attendre le gibier. Qui ne se fait pas prier, 24h max, pour venir se lester de sucre. Une fois le jabot plein, notre animal repart direct au nid avec une précision de direction à faire pâlir une boussole…
On s’équipe alors d’une paire de jumelles et on suit notre gibier sur une centaine de mètres ou plus, pour les plus entraînés.
Le nid est précisément sur l’axe de vol en terrain découvert…
Facile ? Oui, après quelques essais et le choix des armes…
Une paire de jumelles courante, une 7-50 par exemple suffit (grossissement 7 et diamètre de l’objectif 50 mm), et un appât judicieusement placé : en terrain dégagé et plutôt dans un creux pour suivre le plan de vol
dans un ciel clair pour le contraste.
Certains nids ont été découverts en moins de 15 minutes… et d’autres ont demandé plusieurs jours lorsque les individus résidaient à 2 km du rucher… Dans ce cas, on progresse de quelques centaines de mètres à chaque fois avec un délai de 24h entre chaque lieu d’appât.
Quelques remarques :
– la méthode s’applique bien en campagne où les nids sont en hauteur, dans les arbres, le plus souvent, les frelons prennent alors rapidement de l’altitude ;
– en ville, les frelons peuvent suivre les rues pour retrouver leur nid sous une toiture…
– pour l’observation du gibier au départ de l’appât, on lui laisse parcourir quelques dizaines de mètres avant de le fixer dans les jumelles, le champ de vision est alors plus large ;
– plusieurs directions de départ sont possibles s’il existe 2,3 nids alentour.

Résultat : 15 nids trouvés par cette technique peu onéreuse, naturelle et motivante dans le sens où elle réveille un vieil instinct de chasseur enfoui sous les codes de bonne conduite….
Notre commune était particulièrement bien dotée en nids cette année 2018 puisqu’en plus des 15 sites trouvés visuellement, 12 autres nids ont été signalés par des particuliers, soit un total de 27 emplacements recensés et détruits.
Nous avons pu compter sur l’aide de Mr le Maire… apiculteur, d’un artisan amateur de miel, équipé d’un « manitou » avec fl èche de 17 m, et l’appui de chasseurs embarrassés par un stock de vieilles cartouches…
La population des insectes a sensiblement chuté l’été dernier, mais à voir le nombre de fondatrices piégées ce printemps, on se rend compte que l’extermination n’a pas été totale…

 

Article paru dans l’Abeille de France de Juillet-Août 2019.