Bernard LAMIDEL – Président de la FNGTA
Dans le n°1083 d’octobre 2020 de la revue L’Abeille de France, nous avons vu que le « Groupe de Compétences de la FNGTA » avait réussi à apprivoiser l’énergie solaire pour la mettre au service des apiculteurs dans la lutte contre varroa. Mais chacun sait que cette énergie est intermittente, n’est pas disponible toute l’année, ni en tous lieux, notamment pour les ruchers abrités par des arbres.
En décembre 2019, lors du SimApi en Avignon, nous avons donc présenté une alternative afin de pouvoir lutter contre varroa en tous lieux et en toutes saisons. C’est Franck BARBIER, autre membre de la FNGTA, qui s’était chargé de mettre en musique cette idée. Dès le premier essai en juillet 2019, le prototype fonctionna à merveille et nous avons atteint les 47°C dans la ruche en une heure. Toujours dans le but de ne pas dépendre d’une seule source d’énergie, l’idée était simple : remplacer le soleil par une autre énergie renouvelable, le bois. Pour cela il a suffi à Franck d’un radiateur de 500W placé au-dessus des cadres, d’un réservoir tampon et d’un serpentin chauffé par le poêle rocket que j’avais mis à sa disposition.
En recherche appliquée, le hasard fait souvent bien les choses. Lors de cet essai, tous les élèves du rucher-école étaient invités, et s’ils ne vinrent pas tous, l’un au moins se fit remarquer, car mis en confiance et faisant fi de sa discrétion et de sa timidité, il me dit : « Je crois que l’on peut faire plus simple et remplacer le bois et le soleil par l’électricité. » Me souvenant de ma jeunesse passée et des gens qui m’ont donné ma chance, je ne pouvais qu’acquiescer et l’encourager à concrétiser ses pensées. Un mois plus tard, il revint me voir avec un plateau aux dimensions d’une ruche Dadant, qu’il avait équipé d’une plaque chauffante trouvée je ne sais où (car les apiculteurs ont une capacité particulière à détourner les objets de la vie courante pour assouvir leur passion) et qu’il reliait à une batterie. Mais qui était ce prodige qui, au bout de 6 mois d’apiculture, était capable d’observer, de réfléchir et de comprendre la vie d’une colonie d’abeilles au point de déjà vouloir faire progresser l’apiculture ? Il s’agit de Nicolas DEBONNE qui, depuis, a intégré les rangs du « Groupe de Compétences ».
Il est tout à fait normal que les jeunes profitent de l’expérience de leurs aînés, Nicolas a donc pu dès le départ profiter des travaux de Claude SELLIER en ce qui concerne :
– d’une part les capteurs thermiques,
– d’autre part la difficulté de vaincre la résistance des abeilles à l’augmentation de la température dans la ruche.
Il a de ce fait intégré, dès le départ, des ventilateurs choisis sur les conseils de Christian PETER – autre membre éminent de la FNGTA – et dès le premier essai en 2020, ce fut le succès.
Sur mes indications, il avait placé les ouïes du plateau à l’arrière et à l’avant afin de ne pas contrarier les vortex créés naturellement par les abeilles. Un thermostat avec afficheur intégré lui indique en permanence la température de la plaque chauffante (cf. figure 2), température qui a été bloquée à 90°C.
Il ne restait plus qu’à automatiser le système. Ceci ne fut qu’un jeu d’enfant dès réception du capteur de température réalisé par Michel LEHMANN –, membre ô combien efficace et discret de la FNGTA, mais aussi président de son syndicat apicole alsacien – car, si Bernard BARROIS réalise la programmation, c’est Michel LEHMANN qui conçoit et fabrique les prototypes.
En effet, dès que le module de mesure BARROIS-LEHMANN est relié au plateau de Nicolas DEBONNE, c’est ce module qui interrompt la fourniture d’énergie de la batterie lorsque la température interne de la ruche atteint 47°C.
En moins d’un an, avec notre système de travail en réseau, Nicolas avait donc résolu le problème de la troisième source d’énergie.
Était-il content ? Eh bien non, car la qualité des « insatisfaits », c’est de toujours vouloir améliorer ce qu’ils ont réalisé.
Prochaine étape : Nicolas profite donc du confinement pour revoir sa copie et fabriquer un nouveau plateau « universel » qui intégrera le plateau solaire de Claude SELLIER, avec son plateau chauffant électrique et sera placé au-dessus des cadres, au lieu d’être sous le corps de ruche. En effet, Nicolas s’est très vite rendu compte qu’il était plus facile d’enlever une hausse que de soulever une ruche pleine.
Nous attendons maintenant avec impatience le retour de la saison apicole pour faire les essais et valider ce nouveau plateau bi-énergie.
Article paru dans l’Abeille de France de décembre 2020