par Bernard LAMIDEL – Président de la FNGTA
Le Groupe de Compétences mis en place par la FNGTA s’intéressant à la santé de l’abeille sous tous ses aspects, le bienêtre de cet animal ne lui est donc pas étranger au moment où, à juste titre, de nombreuses voix s’élèvent contre la maltraitance animale. Mais si, faisant d’une pierre deux coups, on pouvait améliorer en même temps la santé de l’apiculteur, ce serait découvrir le graal.
C’est ce que nous allons savoir aujourd’hui en interrogeant l’un de nos membres : Damien ALBRESPY.
Lorsqu’en décembre 2019, lors du SIMAPI en Avignon, Damien vint me trouver pour m’informer de l’état de ses recherches sur un sujet particulier auquel il était le seul de notre groupe à s’intéresser, je fus tout de suite séduit par l’enthousiasme de ce jeune apiculteur et par sa démarche. En effet, ayant eu la chance de travailler avec l’INERIS, j’étais déjà sensibilisé aux problèmes de pollution atmosphérique si néfaste à la santé des animaux et des Hommes, à l’instar des virus.
Le constat de Damien ALBRESPY : « Les apiculteurs, dont je fais partie, qu’ils soient amateurs ou professionnels, sont confrontés à l’utilisation contraignante de l’enfumoir. Cette pratique est peu respectueuse des abeilles, de l’environnement et des apiculteurs. L’utilisation de l’enfumoir déclenche un réflexe de conditionnement des abeilles. De plus, les résidus issus de combustibles très divers sont extrêmement toxiques pour la santé de l’apiculteur (voies respiratoires) et sont susceptibles de se retrouver dans les produits de la ruche, sans parler des risques d’incendies et de brûlures.»
Damien a alors réfléchi à un moyen de garder le réflexe conditionné des abeilles lorsqu’on leur envoie de la fumée, en supprimant les inconvénients de la dite fumée. S’inspirant du principe de la cigarette électronique, il a remplacé l’enfumoir par un vaporisateur. Il a donc réussi à mettre au point une solution alternative à l’enfumage classique des ruches. Son vaporisateur génère une vapeur à partir d’une formule qu’il a appelé « Native® » et qui bien sûr est protégée, et ce dans le plus grand respect des abeilles puisque cette formule se compose d’une base bio-sourcée et d’actifs présents dans les huiles essentielles (avec performance optimale sur les colonies douces). Mais, prudence étant mère de sureté, j’ai demandé à Damien de nous apporter la preuve de l’innocuité pour les abeilles et pour l’apiculteur du produit vaporisé, la FNGTA ne pouvant soutenir une démarche qui ne respecterait pas ces principes.
Études préliminaires de validation
Avant le lancement du produit sur le marché, Damien ALBRESPY a donc mandaté la société APILAB, bureau d’étude spécialisé sur l’abeille, basée à La Rochelle, pour réaliser une analyse scientifique afin de mesurer le comportement des abeilles ainsi que certains paramètres essentiels du produit vaporisé. Apilab étant bien connu des apiculteurs, notamment pour ses conférences très intéressantes et qui eurent beaucoup de succès lors du Congrès de Rouen en 2018 et lors du SimApi d’Avignon en 2019, on ne pouvait trouver meilleur choix.
Pour cela, trois groupes expérimentaux ont été créés :
1) colonies « témoin » sans enfumage (souffle d’air).
2) colonies à tester avec l’enfumoir « classique »,
3) colonies à tester avec le vaporisateur APISOLIS® et formule Native®.
Test N°1 – COMPORTEMENT DES ABEILLES CE QUI A ÉTÉ MESURÉ :
Ce qui a été mesuré :
– le nombre d’abeilles présentes à l’entrée des ruches en fonction du temps, ainsi que :
– le nombre d’interactions avec un souffle d’air (leurre, autrement dit placébo). Ceci pour chaque colonie testée.
RÉSULTATS DE L’ANALYSE :
En comparant le nombre d’abeilles présentes à la fin de l’expérience sur les colonies témoins avec le nombre d’abeilles présentes devant les colonies ayant reçu les autres traitements,
on observe 71 % d’abeilles en moins sur les colonies vaporisées, contre 93 % d’abeilles en moins avec l’enfumage classique (cf. Figure 1).
De plus, on a également mesuré une réduction du comportement agressif d’environ 85 % avec l’utilisation d’APISOLIS® par rapport aux colonies témoins (cf. Figure 2).
Test N°2 – CONCENTRATION EN HAP7
Les hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) proviennent de la combustion incomplète du bois, du charbon, du pétrole ou de ses dérivés. Ils sont classés en fonction du nombre de leurs cycles et les HAP7, ayant donc 7 cycles, sont rangés parmi les HAP lourds. Ils sont solides aux températures ambiantes habituelles et sont lipophiles et hydrophobes ; ils pénètrent dans les organismes vivants par les voies respiratoires et ont la particularité d’être génotoxiques et cancérogènes.
Ce n’est donc pas un risque à négliger pour les abeilles et pour les apiculteurs.
CE QUI A ÉTÉ MESURÉ :
C’est la concentration en HAP7 (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) dans les abeilles en fonction du traitement appliqué (vaporisateur ou enfumoir classique, et le contrôle dans l’environnement).
RÉSULTATS DE L’ANALYSE :
Les résultats sont présentés pour les 3 groupes d’abeilles étudiés (cf. Figure 3) :
En vert : le niveau d’HAP (moyenne annuelle) présents dans les abeilles exposées normalement à l’environnement.
En gris : le niveau d’HAP présents dans les abeilles après utilisation de l’enfumoir.
En jaune : le niveau d’HAP présents dans les abeilles après utilisation du vaporisateur.
Cette figure montre l’utilisation de l’enfumoir augmente de plus de 392 % le taux d’HAP présents dans l’organisme des abeilles.
Précision importante : Le taux d’HAP présents dans les colonies analysées après utilisation du vaporisateur correspond aux HAP présents dans l’environnement et par conséquent déjà présents dans les abeilles.
Le rapport d’expertise analytique « référence 2007 NLC 07 » réalisé par la société Phodé montre bien que le vaporisateur de Damien ALBRESPY n’émet pas d’HAP car il ne fonctionne pas sur le principe de la combustion d’un quelconque combustible.
Avant de mettre fin à notre entretien Damien ALBRESPY m’a précisé : « Apiculteur professionnel depuis 12 ans, je travaille en étroite collaboration avec les abeilles et je me soucie de la préservation de la biodiversité. Le plus gros problème que j’ai rencontré dans mon travail concernait les limitations imposées par l’utilisation de l’enfumoir, les risques et ses effets néfastes sur ma santé, sur les abeilles et sur l’environnement. C’est ainsi qu’est née mon idée de créer ce vaporisateur que j’ai baptisé APISOLIS® parce qu’il a pour moi trois impacts bénéfiques importants :
Sur la SANTÉ : car il est sans combustion, sécurisé, meilleur pour la santé
Sur la SÉCURITÉ : car il élimine les risques de brûlures et d’incendie
Sur le CONFORT : car il est pratique et facile à mettre en oeuvre ».
La FNGTA n’a pas été la seule à s’intéresser au travail de Damien ALBRESPY puisque, récemment, le prix spécial Innovation de la région Occitanie lui a été décerné.
Si donc votre fournisseur habituel de matériel apicole venait à commercialiser le vaporisateur Apisolis® dans les mois qui viennent, vous pourriez l’adopter : en Apiculture, la Transition Écologique, ce n’est pas demain, c’est MAINTENANT.
Article paru en novembre 2020 dans l’Abeille de France.