Communiqué du 4 avril 2022

RÉGLEMENTATION PESTICIDES / ABEILLES
Le Ministre de l’Agriculture persiste à refuser de prendre en compte l’expertise apicole DEVRA-T-ON SAISIR LA JUSTICE ?

 

Le Bulletin Officiel du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a publié ce 24 mars 2022 la « liste des cultures qui ne sont pas considérées comme attractives pour les abeilles ou d’autres insectes pollinisateurs, telles que mentionnées à l’article 1er de l’arrêté du 20 novembre 2021 relatif à la protection des abeilles et des insectes pollinisateurs et à la préservation des services de pollinisation lors de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ».

Or cette liste est fausse ! Comme l’ont précédemment fait savoir au ministre de l’Agriculture l’UNAF, le SNA et l’association Terre d’Abeilles.
Par une lettre ouverte du 14 mars 20221 – s’ajoutant à notre contribution à la consultation publique de décembre 2021, nos trois organisations ont montré l’inadéquation de cette liste où figurent des cultures bel et bien attractives pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs, en l’occurrence :
• Les légumineuses, y compris donc le pois, la lentille et le soja ;
• La vigne ;
• Les céréales à paille, pour leur capacité à produire du miellat.

L’UNAF, le SNA, Terre d’Abeilles et la Confédération Paysanne dénoncent cette posture récurrente du déni de la part du Ministre de l’Agriculture face à l’expertise apicole et alertent sur ses graves conséquences pour l’apiculture et sur la faune pollinisatrice déjà tellement menacée.
Car dans cette publication au BO, non seulement le Ministre persiste dans son erreur en ne retirant pas ces cultures attractives sur lesquelles nous l’avons interpellé à plusieurs reprises, mais il en ajoute encore d’autres, dont la pomme de terre, culture pourtant attractive pour les bourdons qui peuvent en récolter le pollen2 ; et les « autres cultures céréalières », dont le sorgho, sur lesquels les apiculteurs restent vigilants quant à son attractivité3.
Cette volonté délibérée de Julien DENORMANDIE de vider de sa substance l’arrêté Abeilles, censé pourtant améliorer le niveau de protection des insectes pollinisateurs (et leurs services écosystémiques) contre les effets délétères des pesticides, est intolérable.

L’UNAF, le SNA, Terre d’Abeilles et la Confédération Paysanne n’en resteront pas là. Face à l’enjeu et à l’urgence, pour tenter de sauver l’apiculture et ce qui reste de la faune pollinisatrice, ils défendront jusqu’au bout cette réglementation encadrant l’usage de pesticides en période d’attractivité des cultures.
Pour obtenir les interdictions successives des insecticides néonicotinoïdes Gaucho® de Bayer, Regent® de BASF, Cruiser® de Syngenta, les deux syndicats apicoles n’ont pas hésité par le passé à saisir la justice… qui leur a donné raison !
Aujourd’hui, la question se pose. Le ministre de l’Agriculture serait-il plus sensible à une nouvelle procédure judiciaire engagée par nos organisations pour rectifier rapidement cette liste « évolutive » des cultures non attractives ?

Signataires
Frank ALÉTRU,
Président du SYNDICAT NATIONAL D’APICULTURE
Denis PERREAU,
Secrétaire national de la Confédération Paysanne
Christian PONS,
Président de L’UNION NATIONALE DE L’APICULTURE FRANÇAISE
Béatrice ROBROLLE,
Présidente de l’association TERRE D’ABEILLES

Contacts presse
Frank ALÉTRU, pour le SNA : 06 07 80 01 04 – frank.aletru@snapiculture.fr
Yaël SERFATY, pour l’UNAF : 06 62 00 41 09 – yael.serfaty@unaf-apiculture.info
Béatrice ROBROLLE, pour Terre d’Abeilles : 06 77 40 16 51 – terredabeilles.ong@gmail.com
Bruno BONDIA, Apiculteur à la Confédération Paysanne : 07 69 18 88 87 – bruno.bondia@mailo.com

 

1 https://www.unaf-apiculture.info/actualites/arrete-abeilles-l-unaf-le-sna-et-terre-d-abeilles-interpellent-le-ministere-de.html
2 EFSA, 2013. EFSA Guidance Document on the risk assessment of plant protection products on bees (Apis mellifera, Bombus spp. and solitary bees), EFSA Journal, 11(7):3295, consulté en ligne: https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.2903/j.efsa.2013.3295 (cf. Table D1)
3 Siede, R., Eickhoff, B., Freyer, C., Windpassinger, S., & Büchler, R. (2021). The bioenergy crop Sorghum bicolor is a relevant pollen source for honey bees (Apis mellifera). GCB Bioenergy, 13(7), 1149-1161.

 


Communiqué du 14 mars 2022

ARRÊTÉ ABEILLES

Monsieur le Ministre de l’Agriculture,

votre liste des cultures non attractives pour les abeilles est fausse !

 

Oui ! Les céréales à paille, les légumineuses et la vigne sont des plantes attractives pour les abeilles ! Nos 3 organisations interpellent ce jour M. Denormandie pour lui rappeler quelques réalités apicoles importantes, mais qui semblent lui échapper.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’arrêté du 20 novembre 2021 « relatif à la protection des abeilles et des autres insectes pollinisateurs et à la préservation des services de pollinisation lors de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques », un projet de liste de cultures non attractives pour les abeilles a été établi par le ministère de l’Agriculture ; et une consultation publique s’est tenue mi-décembre.

Dans l’attente de la publication de cette liste au Bulletin officiel du ministère chargé de l’Agriculture, bon nombre de structures agricoles ont profité du SIA pour faire leur lobbying, dans l’objectif de continuer à traiter sans entrave le maximum d’espèces fleuries !

Outre le fait que l’apiculture est une filière à part entière de l’agriculture qu’il oublie généralement de consulter, nous rappelons à M. le Ministre de l’Agriculture quelques réalités apicoles élémentaires :

–          la récolte de miellat sur céréales à paille, en particulier sur le blé et l’orge ;

–          la récolte de pollen sur légumineuses et la production de nectar par le soja ;

–          la visite des vignes par les abeilles, largement documentée depuis 1959 ;

Ainsi, le blé, l’orge, le soja, la lentille et le pois protéagineux s’avèrent des cultures attractives pour les abeilles, qu’il convient de retirer impérativement de ce projet de liste.

Les vignes fournissant aux pollinisateurs un pollen indispensable, il convient de les retirer également de ce projet de liste.

Dans les vignes, les zones de butinage (inter-rangs, bords de parcelles fleuries, haies mellifères) elles-mêmes contaminées par la dispersion des pesticides, attirent les abeilles. Ces zones de butinage doivent donc être également soumises aux dispositions de l’arrêté.

Autoriser les traitements sur l’ensemble de ces plantes attractives en période de production d’exsudats ou de floraison continuerait de mettre en danger les abeilles et autres pollinisateurs sauvages !

Maintenir ces mêmes plantes dans la liste des cultures considérées comme non attractives consisterait à nier les travaux scientifiques réalisés depuis de nombreuses années sur le sujet.

Nous en appelons à la responsabilité du gouvernement pour respecter l’engagement de cet arrêté : fournir à nos abeilles et à l’ensemble de la faune pollinisatrice un environnement sain et diversifié en ressources alimentaires de qualité.

Signataires :

Frank ALÉTRU, Président du SYNDICAT NATIONAL D’APICULTURE

Christian PONS, Président de L’UNION NATIONALE DE L’APICULTURE FRANÇAISE

Béatrice ROBROLLE, Présidente de l’association TERRE D’ABEILLES

 

Contacts presse :

Frank Alétru, pour le SNA : 06 07 80 01 04, frank.aletru@snapiculture.fr

Yaël Serfaty, pour l’UNAF : 06 62 00 41 09, yael.serfaty@unaf-apiculture.info

Béatrice Robrolle, pour Terre d’Abeilles : 06 77 40 16 51, terredabeilles.ong@gmail.com

 

Consultez le communiqué de presse en pdf