Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Une communication positive s’impose
Parce qu’il était nécessaire de le faire dans un premier temps, le Syndicat national d’apiculture (SNA) et les syndicats apicoles ont alerté massivement et à répétition, pendant plusieurs années, les responsables politiques en charge de l’agriculture et de l’économie ainsi que les médias à propos des irrégularités et de la concurrence déloyale qui règnent au sein du marché mondial du miel et qui pénalisent gravement le devenir de l’apiculture française et européenne.
Une première victoire a été obtenue par l’obligation de mentionner sur les étiquettes les noms des pays d’origine des miels mis en pots en mélange afin d’informer les consommateurs en toute transparence. Mais revers de la médaille, ce battage médiatique relatif tout particulièrement à la fraude a généré une défiance d’une importante partie des consommateurs vis-à-vis du miel, provoquant la chute de ses ventes y compris pour le miel de France. La consommation de produits sucrés reste stable, mais elle s’est orientée vers des produits sucrés de bien moins bonne qualité diététique que le miel, tels que les pâtes à tartiner et les confitures.
Face à cette situation qui tend à perdurer pour la troisième année consécutive, il devient indispensable de reconquérir la confiance des consommateurs et de les informer sur la qualité de la production des miels de France. Dans ce but, le SNA invitera prochainement l’ensemble des structures syndicales et des entreprises de conditionnement de miel à se réunir pour mettre en place un vaste plan de communication positive et d’actions commerciales qui se concrétiseront lors de la « Semaine nationale des miels de France », positionnée après les récoltes en automne. Nous devons être tous mobilisés.
Parallèlement, le plan de surveillance des miels conditionnés en pots qu’a mis en oeuvre le SNA, va se poursuivre. Il s’articule en deux étapes, tout d’abord par une lettre amiable d’avertissement du contrevenant qui peut être suivie, en l’absence de mesures correctives, par l’avertissement des services compétents de l’État (DGCCRF).
Concernant la vente du miel en fûts, la vigilance demeure aussi totale. Lors du dernier Salon international de l’Alimentation (SIAL) qui s’est tenu à Paris en octobre dernier, en ma qualité de vice-président de l’EPBA, j’ai été informé qu’une entreprise chinoise y proposait, au vu et au su de tous les visiteurs, la vente des faux miels à base de mélange de sirops. Une vidéo en caméra cachée a été réalisée sur ce stand par nos collègues estoniens présents sur place. Le SNA en a immédiatement informé la DGCCRF, une enquête a été lancée et en premier retour, il s’avère que l’entreprise chinoise ne disposait d’aucune autorisation d’exportation. Il faut assainir le marché par des actions concrètes de contrôle et de verbalisation bien plus efficaces qu’une médiatisation sur la fraude dont l’effet sur les consommateurs s’avère contreproductif pour toute la filière apicole, y compris pour les fabricants et les distributeurs de matériel apicole.
Les vieux anathèmes prônant l’usage des pesticides comme unique solution aux problèmes de prix des matières agricoles ont la peau dure ! Le monde agricole et sa ministre profitent des enjeux du Mercosur pour tenter de trouver une justification à leurs retours. Pour y parvenir, ils n’en sont plus à un mensonge près pour soutenir les propositions de lois des sénateurs et des députés qui proposent le retour de pesticides interdits (néonicotinoïdes) et qui proposent de réduire le champ de compétences de l’ANSES ! Comment pouvoir justifier de chercher à s’aligner sur des pays dont la santé humaine et la préservation de l’environnement s’effacent devant la notion de profits ? Comme si la solution relative aux cours des marchés agricoles était en lien avec le retour de produits dangereux pour les agriculteurs et la santé humaine, pour les pollinisateurs et la biodiversité en général dont le montant économique des effets délétères doit être supporté par tous et n’est jamais mis dans la balance. Le SNA a signifié au ministère qu’il s’opposait à de tels projets de lois qui sont en contradiction totale avec les attentes des citoyens.
Nous devons poursuivre la défense de l’apiculture et des structures de formation apicole, assurer les mises à niveau, garantir la formation continue, enseigner la protection des pollinisateurs et former les générations futures d’apiculteurs. C’est cette mission de rassemblement et d’union pour une meilleure efficacité dans la transmission des savoirs apicoles que s’est donnée la nouvelle association ApiFormat.
Que l’union, la paix et le partage illuminent cette période de fêtes de fin d’année, et les équipes du SNA et de L’Abeille de France se joignent à moi pour vous les souhaiter les plus
joyeuses.
Plus d’informations sur le site de L’Abeille de France