Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Victoires juridiques et renouveau du syndicalisme
La récente présentation du projet du Plan national de protection des pollinisateurs et du contenu de l’arrêté « Mention abeilles » vidés des mesures essentielles en matière de protection des pollinisateurs, que nous avions expliquées et justifiées de nombreuses fois devant les représentants des ministères de la transition écologique et du ministère de l’agriculture, aurait pu nous donner l’envie de baisser les bras. De plus, les nouvelles positives en matière de réglementation des pesticides n’étaient pas légion ces derniers temps. Mais le vent a tourné, et en quelques jours plusieurs décisions de justice nous ont
donné raison et conforté dans l’absolue nécessité de rester solidaires entre syndicats apicoles, associations de défense et ONG environnementales pour unir nos forces, afin de contrer les dérives mortifères de certaines firmes agrochimiques soutenues par des décisions politiques irresponsables et dangereuses.
C’est ainsi que par un arrêt rendu le 29 juin 2021, suite à un recours déposé par le CRIIGEN, la Cour administrative d’appel de Lyon a confirmé l’annulation de l’autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360®. Une décision cruciale qui devrait amener au retrait des autres autorisations accordées aux produits à base de glyphosate.
Puis, à propos de l’utilisation des pesticides et des distances d’épandage à proximité des riverains, le rapporteur public vient de demander, ce 12 juillet, l’annulation des dispositions réglementant l’épandage de pesticides à proximité des riverains, dans le cadre de la procédure engagée devant le Conseil d’État par Générations futures et plusieurs organisations. Considérant que ces textes ne protégeaient ni les populations (travailleurs
et population générale) des dangers des pesticides, ni les milieux des pollutions liées aux épandages de pesticides.
Et à nouveau, en ce fructueux lundi 12 juillet, le Conseil d’État a rejeté les recours formés par l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) et 3 organisations de producteurs qui contestaient l’interdiction des néonicotinoïdes. Le Syndicat national d’apiculture, Générations futures et d’autres associations s’y sont opposés et ont obtenu gain de cause, le juge administratif ayant logiquement confirmé la procédure d’interdiction
des insecticides néonicotinoïdes.
Ces victoires juridiques sont essentielles pour garantir notre futur.
Ceci étant, du point de vue apicole, le présent et les déficits de récolte de miel inquiètent au plus haut point de nombreux apiculteurs. Pour cette raison, le Syndicat national d’apiculture est intervenu auprès du ministère de l’Agriculture pour que l’apiculture soit éligible aux aides des calamités agricoles dans les départements où les syndicats apicoles départementaux en feront la demande auprès de leurs préfectures. La section « pro » du SNA communiquera les informations importantes.
Ces évènements juridiques, économiques et politiques démontrent le rôle essentiel du syndicalisme apicole et l’impérative nécessité d’adhérer à son syndicat départemental. Toutes ces démarches nécessitent des moyens humains et financiers importants. Surfer et réagir sur les réseaux sociaux est la tendance actuelle, ce mode d’action est utile mais totalement insuffisant car il ne donne pas les moyens économiques de nous battre et de nous défendre, tant au niveau des diverses juridictions qu’au niveau des instances politiques.
À l’automne vont reprendre les assemblées générales de nos syndicats, peut-être à nouveau en présentiel, et elles nous permettront de nous retrouver enfin. Les sujets ne manqueront pas, et ce sera le moment de convaincre le plus grand nombre d’apiculteurs d’adhérer. Sans finances, impossible d’être représentés et défendus par ceux qui vivent du métier. Au risque sinon de voir l’apiculture dirigée par des technocrates opportunistes ou parachutés sur les dossiers apicoles dont ils ignorent tout.
Un mot sur le Challenge électro-apicole organisé par la FNGTA, le challenge était des deux côtés. Pour les participants bien sûr, mais aussi pour les organisateurs. Ce challenge apicole allait-il motiver les jeunes générations d’étudiants ? Le succès a failli dépasser les organisateurs, et lors de la remise de prix, nous avons rencontré des étudiants passionnés par l’apiculture et par leurs études. Un vent de fraîcheur et de dynamisme y régnait.
Sans aucun doute les signes du renouveau de l’apiculture et d’un nouveau visage du syndicalisme apicole qui se reconstruit, se ressoude par nécessité, et où la nouvelle génération d’apiculteurs doit prendre des responsabilités et s’engager.
Que les dernières miellées puissent remplir les hausses, bon été à toutes et tous !