Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Pas de panique !
À de rares exceptions près, cette grande première partie de la saison apicole a réuni toutes les conditions pour faire plonger le moral des apiculteurs et de toute la filière apicole dans la plus grande incertitude quant à leur avenir. Dans la plupart des régions, les colonies d’abeilles ont dû leur survie uniquement aux bons soins des apiculteurs et à l’apport de nourriture à grands frais, et ceci quelles que soient les races d’abeilles. Dans le même temps, les autres populations d’insectes, dont les pollinisateurs sauvages, ont terriblement souffert de ces conditions climatiques si longuement défavorables et de l’absence « d’éleveurs ou de vrais protecteurs ». Face à cette situation, certains entomologistes ne pourront pas s’étonner de la forte prédominance de nos abeilles dans leurs prochains comptages. Et surtout, ils doivent admettre que la responsabilité de la diminution des populations de pollinisateurs sauvages n’incombe en rien à l’apiculture mais à bien d’autres facteurs environnementaux plus complexes à gérer que de penser avoir solutionné le problème en demandant aux apiculteurs de quitter les lieux avec leurs ruches !
Heureusement, depuis quelques semaines, des conditions météorologiques favorables aux miellées s’installent sur quasiment toute la France, les hausses se remplissent et l’espoir renaît.
Le lavandin en région Centre donne une fois de plus des récoltes généreuses. En Provence, la récolte sur lavandes et lavandins sera aussi au rendez-vous, tout comme la miellée de tilleul plus au nord ainsi que les miels de forêt. Et cet élan positif s’est confirmé par l’inscription massive, en à peine un mois et demi, de plus de 80 exposants pour participer au prochain Congrès International d’Apiculture et d’Apithérapie à Tours, les 11-12 et 13 octobre. Un congrès qui s’annonce comme un grand millésime avec plus de 25 conférences inédites qui sont inscrites au programme. Les équipes du Syndicat National d’Apiculture et du Syndicat des apiculteurs d’Indre-et-Loire sont mobilisées pour vous accueillir à l’occasion de cet évènement majeur à ne pas manquer !
Inédite aussi sous la Ve République, cette situation dans laquelle se trouve la France, suite aux résultats des élections législatives. Aucune majorité claire ne s’est dégagée et des conséquences importantes sont à prévoir pour la gestion politique et financière du pays. Pour fonctionner efficacement malgré ces divisions, l’Assemblée nationale devra développer une culture du compromis et de la négociation entre les différents blocs politiques, ce qui n’est pas habituel dans la tradition politique française. Il y a donc peu de chance pour que les problèmes de la France et des Français soient le premier souci de ceux qui seront dans l’hémicycle, lieu de joutes oratoires et « d’égos » stériles au détriment des urgences.
Ceci étant, le SNA et l’UNAF mettront tout en œuvre pour que le projet de loi relatif au « Plan de lutte nationale contre la prolifération du frelon asiatique », qui était sur le point d’être adopté, ne soit pas reporté aux calendes grecques.
Face à ce nouveau contexte politique dont les futurs effets délétères sont garantis, ne cédons pas à la panique !
Une fois de plus, c’est à la grande famille des apiculteurs réunis dans leurs syndicats de prendre en main la défense et le destin de la filière apicole. À ce sujet, vous pourrez lire en page 62 de ce numéro une partie des actions concrètes menées par le SNA. Vous pourrez constater qu’elles concernent aussi bien les petits producteurs que les apiculteurs professionnels. Et, si vous n’êtes pas encore syndiqués, il est toujours temps de le
faire car il y a toujours une structure syndicale départementale près de chez vous et c’est l’expansion de notre union qui nous donnera plus de force.
La formation est toujours un de nos objectifs prioritaires, qu’elle s’adresse à des apiculteurs confirmés ou à des débutants auxquels nous répondons grâce à nos différentes formations mises en place avec nos partenaires, y compris les stages de formation des formateurs des ruchers-école. Les sessions de formations pratiques et techniques continues proposées par la FNGTA/SNA font systématiquement le plein, et nous poursuivons ce programme de stages en septembre. Pour ce qui concerne les formations en webinaire proposées avec nos formules packs bronze, argent et or, la première, animée par Jean RIONDET et Damien MÉRIT, a réuni un auditoire très nombreux, passionné et attentif jusqu’aux dernières minutes. Nous renouvellerons ce mode de formation à l’automne avec deux nouveaux sujets.
Concernant la situation du marché du miel de France en gros, celui-ci est toujours au ralenti, tant en volume qu’au niveau des cours. Mais compte tenu de la faible récolte nationale, il est possible d’assister à une remontée du cours du miel de France.
C’est à propos de ces deux sujets que les forces syndicales apicoles européennes prévoient de se rassembler début octobre à Bruxelles devant le Conseil de l’Europe, à l’initiative du syndicat des apiculteurs espagnols.
D’ici là, croisons les doigts pour que les grandes miellées estivales de tournesol, de luzerne, de callune et de sapin soient au rendez-vous et en vous souhaitant un bel été et de belles
récoltes !