Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Les apiculteurs dans la tourmente
Au-dessus des nuages, le ciel est toujours bleu
Depuis le mois d’octobre dernier, les trois quarts des départements français subissent une pluviométrie rarement égalée sur une telle durée. Fin mai, soixante-dix départements étaient encore placés en vigilance jaune ou orange, pluie-inondation ou orage par Météo-France. Après avoir connu une période de sécheresse des plus inquiétantes l’été dernier, la pluie n’en finit plus de tomber sur l’Hexagone provoquant des inondations historiques. Un excès climatique succédant à un autre, confirmant le changement climatique et les dérèglements qui l’accompagnent. Plutôt que de regarder l’eau couler sous les ponts et parfois les voir emportés par la violence des flots, le bon sens voudrait que notre société anticipe les situations de pénurie d’eau en procédant au stockage de ces excédents pluviométriques dévastateurs par la mise en place d’un important programme national de retenues collinaires, entre autres. D’autant plus que ces situations risquent de se reproduire de plus en plus souvent. Car pour une augmentation de la température de 1 degré Celcius, le taux d’humidité de l’atmosphère augmente de 7 %, autrement dit plus le climat se réchauffe et plus le volume de vapeur d’eau stockée augmente, se condense et s’abat en pluie.
Tandis que règnent des températures anormalement hautes dans l’est de l’Europe et qui atteignent les 40 degrés dans le nord en Scandinavie, en France, nous vivons un printemps au cours duquel le soleil est resté bien timide. À l’exception de micro secteurs plus chanceux, les récoltes de miel n’ont pas été au rendez-vous pour le moment et l’inquiétude règne tout particulièrement chez les apiculteurs récemment installés, et si cette situation venait à perdurer malgré tout, il nous faudra solliciter des aides économiques auprès du ministère de l’Agriculture. Chez les éleveurs de reines, les taux de fécondation sont inférieurs aux moyennes habituelles. Les jeunes essaims se développent lentement et uniquement grâce aux apports réguliers de sirop et dans les ruchers de production, certaines colonies sont en état de famine. Et nombreux sont les essaims logés dans des troncs d’arbres ou des cheminées qui, livrés à eux-mêmes, ont déjà péri.
Alors, plus que jamais, les apiculteurs doivent être présents pour soutenir leurs colonies et les maintenir au top par des apports de compléments alimentaires, et si besoin par la transhumance. Rien n’est totalement perdu, l’erreur serait de baisser les bras, les conditions favorables à la miellée finiront bien par arriver car au-dessus des nuages, le ciel est toujours bleu.
La ténacité est une des clés de la réussite, et c’est aussi grâce à celle du syndicalisme apicole français et européen que nous avons pu obtenir à Bruxelles une nouvelle définition de la Directive « Miel » qui, même si elle n’est pas parfaite, nous apportera une meilleure protection face aux fraudes.
C’est encore cette ténacité qui a permis qu’un projet de loi pour la limitation de l’expansion du frelon asiatique soit adopté à l’unanimité par le Sénat. Au cours de la semaine du 17 juin, ce sera au tour des députés de l’Assemblée nationale de l’adopter. Dans ce but, nous avons demandé aux présidents des structures départementales de solliciter le vote favorable de leurs députés afin que la loi soit adoptée et mise en oeuvre au plus vite.
Lorsque cette revue sera distribuée, les urnes auront parlé dans le cadre des élections européennes et nous découvrirons le nouveau visage politique de l’Europe. Quel que soit le résultat, il nous faudra là aussi être actifs et tenaces pour informer au mieux les eurodéputés sur les enjeux et les orientations à privilégier pour une apiculture durable, et tout mettre en oeuvre pour éviter que la défense de l’environnement soit sacrifiée au profit d’une industrialisation toujours plus poussée de l’agriculture.
La force première du peuple des apiculteurs ne peut s’exprimer qu’à travers son unité. Et il est probable que nous ayons à nous rassembler pour une importante manifestation devant les bureaux de la Mutualité sociale agricole de Bourgogne-Franche-Comté qui tente un hold-up sur les petits apiculteurs en appliquant des modes de calcul de cotisations non conformes à la réglementation, avec le risque que d’autres caisses s’en inspirent. Il est clair que l’objectif de la MSA est de trouver un moyen de compenser la diminution du nombre d’exploitants agricoles cotisants. Vous en serez informés.
Pour le moment, les équipes du SNA et du Syndicat des apiculteurs d’Indre-et-Loire s’activent efficacement pour faire du deuxième Congrès international d’apiculture et d’apithérapie un évènement exceptionnel. Un programme de conférences quasiment toutes inédites vous y sera proposé et les exposants de matériel apicole y seront massivement présents.
Alors bloquez dès à présent les dates des 11-12 et 13 octobre sur votre agenda et rendez-vous à Tours !
Pour plus d’informations, consultez le site de L’Abeille de France