Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Sur leurs paillassons il est écrit « démocratie » !
Les vagues successives d’annonces des plus inquiétantes qui soient en provenance des dirigeants des deux plus grandes puissances mondiales n’amènent ni à la sérénité, ni à la paix dans les esprits de chacun. Plus grave encore, elles qui s’annonçaient comme garantes d’une « paix », deviennent une menace pour les autres pays en s’accordant entre elles pour faire plier l’Ukraine, ou pour envisager d’annexer le Groenland, voire le canal de Panama.
Mais il n’y a pas que sur le paillasson de la porte de ces deux géants qu’il est écrit « démocratie » !
Car bien que la démocratie soit une valeur proclamée au sein de l’Interprofession INTERAPI, dans les faits, nous y avons vécu tout le contraire alors que nous nous sommes battus pour qu’elle soit mise sur pied. Une Interprofession est nécessaire, mais une vraie. La démocratie y a été constamment maltraitée, négligée et mise en scène de façon hypocrite, orchestrée par les structures syndicales de faible représentation, plus nombreuses que les deux structures syndicales apicoles majoritaires (SNA et UNAF). Elles ont pu faire voter des statuts des plus injustes, donnant le même nombre de voix aux structures composées de quelques dizaines d’adhérents qu’aux structures majoritaires qui en comptent chacune plusieurs centaines, contribuant à la CVE INTERAPI prélevée par la MSA. C’est ce déni de démocratie qui a poussé les deux syndicats apicoles SNA et UNAF (majoritaires en nombre d’adhérents cotisants à INTERAPI) à donner leurs démissions de l’Interprofession en 2022, très vite suivis par la Coordination rurale. Puis, en ce début de mois de mars, c’est la Confédération paysanne qui a pris la même décision.
Autant dire qu’aujourd’hui, INTERAPI n’est plus qu’une coquille quasiment vide et désespérément inefficace, qui ne défend pas les intérêts de l’apiculture, qui ne s’oppose pas fermement aux pesticides responsables de la perte de nos abeilles et des pollinisateurs, qui ne protège en rien le marché du miel mais qui maintient ses prélèvements de cotisation considérés aujourd’hui par la quasi-totalité des apiculteurs comme un prélèvement abusif.
Malgré nos alertes répétées auprès du ministère de l’Agriculture pour dénoncer cette injustice qui nous a poussé à porter l’affaire devant les tribunaux, celui-ci fait la sourde oreille, trop heureux d’avoir une Interprofession apicole présidée par la FNSEA, docile à tout point de vue et tout particulièrement sur les pesticides.
Ceci au moment où ce ministère doit réviser les contraintes de la loi dite « Abeilles » sous pression de la FNSEA qui réclame d’augmenter les plages horaires d’application des traitements par pulvérisation sur les cultures en fleurs et que s’empilent les demandes de dérogations d’usages à 120 jours de pesticides déjà interdits. Maintenir coûte que coûte cette Interprofession en l’état est une aubaine pour le ministère de l’Agriculture, elle lui a permis de mettre de côté les revendications des syndicats apicoles. Ce temps est en passe d’être révolu, l’Interprofession sous sa forme actuelle ne survivra pas à son irrespect de la démocratie à un moment où l’apiculture française vit une période charnière de son Histoire. L’honnêteté et le bon sens des dirigeants d’INTERAPI devraient enclencher un processus de destitution et engendrer une refonte de l’Interprofession.
Sans excès de communication sur les réseaux sociaux et en restant au plus près des problématiques de tous les apiculteurs, le SNA poursuit sereinement sa croissance. Et comme nous l’avions annoncé au congrès de Tours, le SNA va redynamiser sa section apiculteurs « pro » qui comprendra une division jeunes « api-pro » pour ceux installés depuis moins de cinq ans. Ses objectifs seront de défendre les fondamentaux de l’apiculture, à savoir : garantir dans nos élevages des colonies populeuses, des ressources alimentaires abondantes, saines et diversifiées ; obtenir des exploitations performantes et rentables grâce à des prix du miel justes et rémunérateurs.
Les apiculteurs motivés par ces deux nouveaux outils obtiendront des informations complémentaires auprès du syndicat local affilié au SNA ou par mail : contact@snapipro.fr
Organisée par le SNA, le 1er mars s’est déroulée à Paris la 4e édition de la Journée Nationale de l’Apiculture qui réunissait les dirigeants des structures départementales affiliées au SNA. À chaque édition ils sont plus nombreux à participer pour profiter de l’ensemble des informations techniques et syndicales, l’année prochaine il nous faudra changer de salle !
Le lendemain se tenait la 1e assemblée générale de l’Association pour le développement de la formation apicole et la protection des pollinisateurs (APIFORMAT). La participation des ruchers-écoles et des structures de formations ainsi que leur satisfaction, suite aux motivantes présentations des intervenants de hautes compétences, ont dépassé toutes nos attentes. Nous y reviendrons en détail dans le prochain numéro.
Dernière minute : contrairement à une information erronée qu’ont fait circuler certains, le SNA dispose bien de la qualification ORIAS en matière d’assurances apicoles, et ceci depuis 2024.
En vous souhaitant de bonnes visites de printemps !
Pour plus d’informations, consultez le site de L’Abeille de France