Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Quand les floraisons s’achèvent, vient l’heure des bilans et du futur

Bilan « météo »
Alors que nous avions connu une année 2023 sous le signe des déficits en eau sur la majorité du territoire, à l’inverse, nous avons traversé une période exceptionnellement humide allant d’octobre 2023 et jusqu’à la fin du mois de mai 2024. Mis à part la partie orientale des Pyrénées et le littoral méditerranéen qui sont restés plus secs, cette longue période de dépressions successives et persistantes a apporté des précipitations particulièrement importantes et excédentaires sur la France comparativement aux moyennes retenues. Ces surplus pluviométriques relevés ont été au cours du mois d’octobre 2023 de +36%, en novembre 2023 de +51%, en février 2024 de +62%, et surtout en mars 2024 de +98%, mois qui compte parmi les plus humides constatés en France. Les cumuls pluviométriques de la station météo de Paris-Montsouris ont eux aussi atteint des cumuls mensuels jamais vus après 150 années de relevés !
Ces anomalies climatiques sur une si longue durée ont inévitablement impacté le développement des colonies et réduit les périodes favorables aux vols de fécondation, stoppé les miellées, retardé voire empêché les semis des cultures. Les points positifs concernent les eaux souterraines et nappes phréatiques ainsi que la plupart des cours d’eau dont les niveaux sont au plus haut après plusieurs années de baisse.

Bilan « biodiversité »
Si les colonies d’abeilles impactées dans leur développement sont majoritairement survivantes après ces conditions climatiques si désastreuses, elles le doivent aux bons soins des apiculteurs attentifs qui ont su leur apporter de la nourriture au bon moment.
Qu’en est-il en revanche de l’entomofaune sauvage ? Sans aucun doute hélas, cette météo pluvieuse quasi permanente avec des températures inférieures aux normales saisonnières
aura encore accentué son déclin. Elle vient s’ajouter aux autres facteurs de stress déjà connus tels que les insecticides, la perte d’habitat ou encore les maladies non-indigènes. Nous pouvons cependant considérer comme un point positif la diminution importante de la présence des frelons asiatiques à pattes jaunes dans les secteurs les plus soumis à la pluie. Le développement des nids primaires aura été fortement ralenti, voire anéanti, par les pluies successives pour le plus grand bien-être des abeilles et des autres insectes habituellement victimes de leurs prédations et qui auront pu résister à ces conditions climatiques mortifères pour eux aussi.

Bilan « récoltes »
Il est encore trop tôt pour présenter un bilan précis car les mielleries tournent encore puisqu’une partie des récoltes est effectuée avec du retard sur le calendrier habituel, compte tenu des floraisons tardives. Cependant, nous pouvons annoncer dès à présent que les miels de printemps manqueront massivement.
Car uniquement là où il y a eu des miellées importantes, celles-ci se sont majoritairement déclenchées seulement à partir de la mi-juin, permettant ainsi de « sauver » l’année, et
aux colonies de constituer des réserves de miel et de pollen.

Le futur, c’est maintenant !
Suite au succès rencontré par la première édition du Congrès International d’Apiculture et d’Apithérapie qui s’était déroulée à Rouen en 2018, et malgré le contexte compliqué pour l’apiculture cette année en France et chez nos voisins européens, le Syndicat National d’Apiculture (SNA) a relevé le défi d’organiser la deuxième édition, en octobre prochain à Tours. C’est grâce à son énergie et au dynamisme de son équipe que nous avons pu à nouveau la mettre sur pieds avec le soutien de nos partenaires de « L’Abeille de France » et « des Amis des Abeilles d’Indre-et-Loire ».
Conscients de la portée et de l’importance d’un tel évènement apicole, il n’aura fallu que quelques mois pour que près de 90 stands soient réservés par des exposants représentant
une dizaine de nations.
Notre Vice-président, Bernard LAMIDEL, assisté de son « précieux » carnet d’adresses de scientifiques et de spécialistes, nous a construit un programme original de conférences
des plus passionnantes qui concerneront aussi bien les « petits producteurs » avec quelques ruches, que les producteurs professionnels.
Pour compléter vos connaissances, vous trouverez, sur l’espace librairie du stand du SNA, un des plus grands choix d’ouvrages apicoles qui s’adressent aussi bien aux débutants
qu’aux apiculteurs les plus expérimentés. Certains auteurs y seront présents et pourront vous dédicacer leurs ouvrages. Durant trois jours, le Congrès de Tours sera le point de rencontres et d’échanges entre tous les apiculteurs, forts de leur diversité et de leur complémentarité. Nous vous attendons très nombreux pour cet évènement apicole international que vous ne devez pas manquer. Et pensez à covoiturer !