Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Face aux temps difficiles, un syndicalisme fort.

Rien de surprenant que de débuter cet éditorial en évoquant les conditions climatiques sous régime de canicule et de sécheresse exceptionnelles que nous subissons depuis de longs mois pour certaines régions et qui impactent : nos conditions de vie, l’agriculture, nos récoltes de miel, et bien sûr, l’environnement tout entier. Celles-ci s’annoncent comme une nouvelle « normalité » du climat, et elles nous amènent à devoir concevoir et appliquer, de façon concrète, de nouvelles habitudes de vie et de production.

Cette situation, déjà annoncée maintes et maintes fois par tous les experts du climat et les multiples lanceurs d’alerte lors des précédents GIEC, mais hélas accompagnée d’une absence totale de décisions fortes par les pays les plus pollueurs de notre planète, éveille en moi cette phrase d’Albert CAMUS prononcée lors de la remise de son prix Nobel, en 1957 : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse ». C’est dans cet état d’esprit que le Syndicat national d’apiculture engage ses combats pour la défense des valeurs, garantissant un environnement et un contexte sanitaire favorables pour de meilleures conditions de vie et de travail offrant des possibilités de productions de qualité et durables.

En 2021, la mise en place du plan national de lutte préventive contre le frelon asiatique par le SNA s‘est traduite par l’installation de plusieurs dizaines de milliers de pièges sélectifs grâce à l’engagement des apiculteurs. Au printemps de cette année, notre vigilance a été renouvelée et anticipée en matière sanitaire à l’égard du petit coléoptère Aethina tumida, par la mise en place d’un plan de surveillance et de piégeage sur tout le territoire français et en Outre-mer. Il a été accompagné d’une distribution gratuite de plusieurs milliers de pièges, qui s’avère des plus justifiées. En effet, dans des ruchers de l’île de la Réunion, plusieurs foyers d’Aethina tumida ont été découverts et les mesures sanitaires d’éradication ont été immédiatement mises en place.

À travers la relecture des archives des plus de 1 100 numéros de L’Abeille de France et l’Apiculteur, le constat suivant s’affirme, et je l’exprimerai en m’inspirant de Ibn KHALDOUN (1332-1406) homme d’état, économiste et historien.
Les temps difficiles pour les apiculteurs génèrent un syndicalisme apicole fort.
Le syndicalisme fort crée des temps de paix pour l’apiculture.
Les temps de paix éloignent les apiculteurs du syndicalisme.
L’éloignement du syndicalisme génère une faiblesse de l’apiculture.
Une filière apicole faible favorise des temps difficiles pour les apiculteurs.
La moralité est évidente : en aucun cas, nous, peuple des apiculteurs, unis à travers le monde, ne devons baisser la garde. Restons groupés et forts, en adhérant et en faisant adhérer aux structures syndicales et associatives départementales fédérées au sein du SNA lors des prochaines assemblées générales qui vont reprendre à la rentrée, le plus grand nombre d’apiculteurs encore restés isolés.

 

Pour plus d’informations, consultez le site de l’Abeille de France