EDITORIAL de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Revivre à visage découvert !

Il y a un an, lorsque j’écrivais l’éditorial de janvier, il était impossible pour moi d’imaginer un instant que nous allions vivre la majeure partie de l’année sous la dictature d’un ennemi invisible à l’oeil nu, inodore, silencieux, imprévisible, capable de déstructurer notre vie économique et sociale, capable de tuer.
Une menace qui nous obligerait à sortir masqués, à limiter, voire rompre, la quasi-totalité des échanges, et à vivre sous les ordres des consignes sanitaires devenues prioritaires, au nom du principe de précaution.
Ce principe de précaution, nous aurions aussi aimé l’entendre dans les hémicycles de l’Assemblée nationale et du Sénat lorsqu’il a été question de ré-autoriser l’emploi des néonicotinoïdes sur les cultures de betteraves sucrières !
Leurs masques se sont transformés en bâillons et les promesses électorales en matière de protection de l’environnement ont viré à 180 degrés !
À la lumière des désastres provoqués par cette terrible pandémie mondiale, il est urgent que nos gouvernants prennent conscience que cette situation n’est pas due au hasard. Il
s’agit bel et bien d’un avertissement supplémentaire, signalant le déséquilibre de notre planète auquel ils ne peuvent plus rester sourds et aveugles, et qu’ils doivent y répondre courageusement par des mesures adaptées.
Au cours des mois passés, limiter les contacts humains et laisser la place au « sans contact » sont devenus les maîtres mots, tout en faisant le bonheur des « GAFA ». Alors que nombreux ont été les apiculteurs privés de marchés traditionnels, de foires et de marchés de Noël.
Mais l’Histoire de France a démontré que le découragement n’était pas le premier défaut des français. Aussi, malgré ce contexte économique et sanitaire inédit et compliqué, dans un réflexe de solidarité nationale et de bon sens, de nombreux consommateurs ont su privilégier pour leurs achats les circuits courts, la proximité, les produits locaux et artisanaux, le made in France pour faire fonctionner au mieux notre nation, et limiter
la destruction de notre économie. Soyons tous acteurs de ce sauvetage d’intérêt national !
Si ce contexte de confinement perdure, il va aussi nous falloir être inventifs pour maintenir le lien associatif et le fonctionnement au sein de nos syndicats et de nos ruchers-école. Jean HURPIN avait su le faire en temps de guerre sous l’occupation.
Dans un contexte plus facile, nous saurons donc le faire aussi avec l’aide des nouveaux moyens techniques de communication.
Notre syndicat remet donc sur le métier la lutte contre l’expansion des frelons asiatiques qui ont été particulièrement destructeurs dans de nombreuses régions cette année, en
organisant une lutte collective nationale par piégeage des fondatrices et destruction des nids.
L’implication du Syndicat national d’apiculture (SNA) reste toujours entière dans la mise en route effective des premières actions de notre Interprofession « InterApi », dans la mise en
place du plan « pollinisateurs » et du plan de relance de l’agriculture proposés par le gouvernement. Attentif à la reprise de la recherche sur l’utilisation de l’acide oxalique dans la lutte contre la varroase, et vigilant dans le suivi de l’élaboration de nouvelles normes AFNOR pour le miel, souhaitées par… la Chine !!
Aussi, en cette période de voeux, les premiers que je forme sont que nous parvenions à maîtriser ce fléau sanitaire, que nous retrouvions au plus vite notre vie d’avant, à visage découvert, pouvoir nous réunir, ne plus craindre d’être les vecteurs de ce terrible mal, pouvoir circuler librement sans couvre-feu, et enfin pouvoir s’étreindre.
Au nom de L’Abeille de France et du SNA, recevez pour vous-même et vos proches nos meilleurs voeux de bonheur, de santé et de réussite dans vos projets.

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