Après plusieurs mois froids, pluvieux et venteux sur la majeure partie de la France, les récoltes de miel de printemps sont nulles, au mieux modestes, à l’exception de quelques micros zones dans l’ouest de la France qui ont pu profiter d’une miellée sur colza. Bilan : ce printemps sera catastrophique tant pour la production de miel que pour les conditions d’élevage de reines et de production d’essaims artificiels, en raison du retard ou des échecs des fécondations de reines, engendrés par ces mauvaises conditions climatiques. L’inquiétude est dans tous les esprits et la déception est profonde.
Dans de très nombreuses régions, il faut encore apporter un soutien aux colonies par une distribution de nourriture quasi constante depuis plusieurs mois. Face à une telle situation qui provoque déjà des difficultés économiques dans les exploitations apicoles, le syndicat national d’apiculture (SNA) a déjà adressé un courrier dans ce sens au gouvernement, considérant qu’il sera certainement nécessaire de solliciter le recours aux aides de l’État dans le cadre des calamités agricoles, à moins que les mois de juin et juillet nous offrent des miellées exceptionnelles !
En cette saison, et plus que jamais compte tenu des conditions météo désastreuses, toute l’attention des apiculteurs était tournée vers le suivi des ruchers en ce début du mois de mai, faisant passer au second plan une grande victoire de l’apiculture européenne, obtenue suite au rejet par la Cour de justice de l’Union européenne de l’ultime pourvoi de Bayer réclamant l’annulation de l’arrêt de 2018 qui confirmait l’interdiction des trois principales matières actives néonicotinoïdes.
Cette victoire a été obtenue grâce à l’engagement et à la combativité des syndicats apicoles aux côtés des ONG telles que BeeLife et Terre d’abeilles. Elle confirme définitivement les restrictions imposées par Bruxelles. Il est important de noter que le tribunal a aussi signifié l’obligation juridique de la Commission européenne d’assurer « le maintien de la santé des colonies d’abeilles ».
Toujours au niveau des décisions européennes, le Conseil de l’UE réunira les 28 et 29 juin les ministres de l’agriculture pour définir les objectifs de protections spécifiques (SPGs) acceptables dans l’évaluation des risques engendrés par les pesticides vis-à-vis des abeilles et autres pollinisateurs.
Certains États membres, pourtant fortement apicoles comme la Grèce, ont considéré comme acceptable un taux d’affaiblissement de 25% des populations d’abeilles suite aux effets délétères d’un pesticide dans le cadre de son évaluation et de son homologation, tandis que la France reste sur une position SPGs de 7%, un taux bien plus protecteur pour les pollinisateurs. Afin de maintenir cette position au niveau français, le SNA, associé à d’autres organisations apicoles et ONG, a adressé un courrier au ministère de l’agriculture et au ministère de la transition écologique et solidaire.
Les médias ont très largement relayé les informations relatives aux vols de ruches qui se sont amplifiés de plus de 50% en France, comparativement à 2020, et ceci uniquement sur les cinq premiers mois de l’année 2021. Plusieurs cas de vols ont été élucidés, les coupables retrouvés et condamnés avec une plus grande sévérité qu’à l’habitude des tribunaux, les voleurs de ruches étaient généralement assimilés à des « voleurs de poules » et n’étaient que rarement condamnés de façon juste et surtout jamais suffisamment
dissuasive.
De leurs côtés, les techniciens « inventeurs » de la Fédération nationale des groupements techniques apicoles poursuivent leurs travaux en matière de mise au point d’un nouvel accessoire d’identification des ruches et de suivi de leurs déplacements à un prix suffisamment bas. Les essais pratiques sur le terrain ont commencé.
S’ils sont concluants, la mise en fabrication industrielle pourra être envisagée.
Cette longue période de confinement n’a apparemment pas démotivé les apiculteurs en soif de connaissances et de nombreux webinaires de formation à distance par internet ont remporté un franc succès. Cependant, bon nombre d’apiculteurs restent attachés aux formations dans un cadre plus classique, en présentiel, et nous avons reçu de très nombreuses demandes de création de stages et de formation continue auxquelles nous allons pouvoir répondre très prochainement.
C’est cette ténacité des apiculteurs à vouloir comprendre, à vouloir savoir pour progresser qui est exemplaire et importante à retenir.
Elle relève du rôle de notre revue et de notre syndicat national et bien sûr de celui des nombreux ruchers-écoles qui se doivent de tout mettre en oeuvre pour la soutenir et l’accompagner. Telle est l’une de nos nombreuses missions pour la défense et la prospérité
de l’apiculture française.

 

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