Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Contre les missiles et les prédateurs, agissons collectivement !

Impossible de commencer cet éditorial sans avoir une pensée pour le peuple ukrainien victime sous les missiles d’une tragédie qu’il nous semblait impossible de revivre aujourd’hui, aux portes de l’UE. Le prochain congrès Apimondia devait se tenir en Russie à Ufa, en septembre prochain, et il semble fort compromis pour des raisons politiques et d’embargo évidents. De plus, dans un élan commun, de nombreuses structures apicoles
à travers le monde ont décidé de boycotter ce congrès. Le Syndicat national d’apiculture (SNA) en fait partie, et j’ai adressé un courrier au président d’Apimondia pour l’en informer. D’autre part, en ma qualité de président de l’association des apiculteurs professionnels européens (EPBA), j’ai communiqué notre décision de boycott aux représentants des pays adhérents à l’EPBA, et ils sont très nombreux à avoir pris la même position.
Souhaitons maintenant que la paix revienne au plus vite.
L’annonce de la mise en place par le SNA du réseau de surveillance collective du petit coléoptère de la ruche, Aethina tumida, a fait des émules. Et c’est avec une grande satisfaction que nous accueillons à nos côtés pour cette action l’Union nationale
des apiculteurs de France (UNAF) par l’apport de 500 pièges, ainsi que la Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales (FNOSAD) et son réseau de GDSA qui disposera aussi de ses propres pièges. C’est la première fois que s’organise en France une opération de surveillance sanitaire apicole d’une telle ampleur et qui permet de mettre en évidence la démonstration de la force et de l’efficacité des apiculteurs quand ils décident de s’unir et de prendre en main une problématique avec énergie.
Quant à la lutte collective nationale contre le frelon asiatique, elle poursuit son expansion, les pièges sélectifs Jabeprode sont assemblés en grand nombre dans les ateliers des apiculteurs.
Dans le sud de la France, les premières prises de fondatrices sont déjà annoncées, preuve qu’il est nécessaire d’agir le plus tôt possible en saison.
Toujours soucieux d’améliorer le niveau de formation des apiculteurs, et après avoir programmé différents stages de formation continue en partenariat avec Apinov, le SNA a souhaité poursuivre les stages de formation de formateurs des ruchers-école « véritables pépinières des apiculteurs de demain » et qui, victimes de leur succès, sont souvent saturés en raison d’un déficit de formateurs. Dans ce but, le SNA a sollicité l’Institut technique et scientifique apicole (ITSAP) en sa qualité de prestataire déjà très expérimenté en la matière, pour assurer l’organisation et le contenu de plusieurs cessions de stages de formateurs en rucher-école. Nous communiquerons prochainement dans la revue l’ensemble des informations relatives à ce sujet.
Interprofession InterApi : lors de ma participation aux assemblées générales des structures affiliées au SNA, de nombreux apiculteurs pluri-actifs ou professionnels, tous concernés par
la cotisation interprofessionnelle prélevée directement avec leurs cotisations par la MSA, m’ont interpellé sur l’inéquité et la non-représentativité des voix au sein du conseil d’administration d’InterApi. Nous avons là un sujet qui fait débat. En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, le SNA dispose du même nombre de voix que n’importe quelle autre structure syndicale qui est constituée de seulement une centaine d’adhérents !
Il en est de même pour nos collègues de l’UNAF. Aussi, et de façon conjointe, le SNA et l’UNAF ont signalé cette irrégularité en conseil d’administration et aussi lors de l’assemblée générale de l’Interprofession InterApi. Ce déséquilibre antidémocratique voudrait s’y installer dans la durée, soutenu évidemment par les nombreux syndicats faiblement représentatifs. Après avoir aussi dénoncé, mais en vain auprès de l’Interprofession,
les graves irrégularités et tromperies des consommateurs que génère la réglementation concernant le miel bio (sur lesquelles nous reviendrons en détail prochainement), ce nouveau rejet du respect de la démocratie et de l’intégrité au sein d’InterApi, nous inquiète au plus haut point et nous met mal à l’aise.
La sortie d’hivernage a apporté chez certains son lot de déceptions concernant les dégâts provoqués par la varroase, malgré un itinéraire sanitaire rigoureux. Si nous voulons faire la lumière sur cette problématique de surmortalités directement liées à la varroase, il est indispensable que les apiculteurs concernés contactent tous les services sanitaires et informent leurs syndicats et leurs GDSA afin que de véritables investigations multiples
permettent d’identifier avec certitude, non seulement la cause de ces pertes anormales, mais surtout la solution !
Les semaines passent, les journées s’allongent, les apports de pollen s’accélèrent, il ne faut pas louper le départ, il n’y a plus de doute, la saison apicole est bien lancée et elle s’accompagne du plaisir de retourner travailler au rucher.
Bon début de saison !

Pour plus d’informations consultez le site de l’Abeille de France