Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Du rififi chez InterApi

Les élections présidentielles ont fait parler les urnes : nous repartons pour une nouvelle mandature sous la présidence d’Emmanuel MACRON. Compte tenu des attentes des électeurs, ses dernières prises de parole laissent espérer de sa part une prise de conscience concrète de l’urgence de la résolution durable des problématiques environnementales.
Mais le doute reste bien installé, car nous nous souvenons des grandes promesses faites pour l’écologie durant le précédent mandat et les décisions prises qui ont été contraires, en autorisant l’emploi des néonicotinoïdes sur les betteraves alors qu’ils venaient tout juste d’être interdits.
Au moment où ces lignes sont écrites, nous ne connaissons pas encore la composition du nouveau gouvernement. Sans aucun doute, les ministres de l’Agriculture et de l’Écologie seront particulièrement observés dans leurs choix politiques.
L’Europe surveillera, elle aussi, les orientations prises par le ministère de l’Agriculture. En effet, la commission européenne a demandé à la France de revoir son plan stratégique national (PSN) pour la période 2023-2027, considérant que les propositions faites par le ministère de l’Agriculture étaient insuffisantes pour engager une véritable transition écologique des secteurs agricoles et forestiers. Toujours dans le cadre des PSN, et compte tenu de l’invasion russe en Ukraine, la commission européenne a demandé aux États membres de réduire leur dépendance aux engrais de synthèse en provenance de Russie ou de Biélorussie, d’améliorer la rotation des cultures, et enfin d’accentuer les efforts vers la réduction des pesticides.
Des consignes qui s’opposent à ceux qui voulaient « profiter » de la guerre en Ukraine pour retarder la transition écologique.
À partir du mois de juillet prochain, rentrera en vigueur l’application de l’arrêté du 20 novembre 2021 (nouvel arrêté Abeilles), relatif à la protection des abeilles et des autres insectes pollinisateurs qui encadre l’utilisation des pesticides disposant d’une autorisation d’application en période de floraison en l’absence de pollinisateurs, en la limitant à une période de la journée comprise entre deux heures avant le coucher du soleil et trois après le coucher du soleil. Souhaitons que cette nouvelle réglementation soit parfaitement comprise et respectée car, ce printemps, il a encore été trop souvent constaté l’application de pulvérisations de pesticides en pleine journée. Des actions d’information et de pédagogie devront être mises en œuvre par les Chambres d’agriculture dans l’intérêt des agriculteurs et de la protection de l’entomofaune pollinisatrice. Si besoin, le SNA et les syndicats apicoles départementaux seront aux côtés des Chambres d’agriculture pour les accompagner dans cette mission.
Il en avait déjà été question, la prise en considération de la représentativité des syndicats apicoles majoritaires (SNA et UNAF) n’a jamais été reconnue au sein de l’interprofession InterApi. Malgré plusieurs rappels au respect de la démocratie, celle-ci n’a jamais été appliquée dans l’attribution du nombre de voix pour les structures membres de l’interprofession. C’est donc avec regrets, après avoir pourtant très largement œuvré pour sa création, que les deux syndicats apicoles majoritaires ont pris la décision de démissionner, car dans l’impossibilité de faire entendre et respecter la voix des apiculteurs.
Cette décision permettra à nouveau au syndicalisme apicole de retrouver sa place en tant qu’interlocuteur majeur des différents ministères et services de l’État.
Car, comme pour l’arrêté « mention Abeille », c’est grâce à l’action du syndicalisme apicole que la nouvelle loi relative à l’étiquetage de l’origine des miels utilisés en mélange a pu être adoptée. Elle oblige maintenant les conditionneurs à indiquer précisément, sur l’étiquette, le ou les pays d’origine des miels dans l’ordre décroissant des pourcentages contenus.
Ce début de saison est à nouveau fracturé avec le sud de la France qui souffre d’un déficit en eau depuis des mois et qui présente une récolte de miel de printemps très faible. Tandis que le reste du territoire a bénéficié de conditions climatiques plus favorables pour la miellée. Les taux de mortalités anormales qui nous sont remontés progressivement sont inquiétants et nous alertent sur une nécessaire pharmacovigilance concernant la lutte contre la varroase. Le SNA œuvre dans ce sens afin d’élargir la gamme des produits vétérinaires, d’une part, et mène d’autre part des actions pour accentuer la formation des apiculteurs de tous niveaux. Pour l’ensemble de ces raisons, plus que jamais, adhérez et faites adhérer vos collègues et amis apiculteurs à votre syndicat apicole départemental.
Ces adhésions sont les moteurs de la défense de l’abeille, de l’apiculture et de l’environnement.

 

Pour plus d’informations consultez le site de l’Abeille de France