Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Vice-président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)
Choisir de ne pas choisir ! ou « la stratégie des pleutres »
Alors qu’en 2017, le Président de la République avait fait la promesse aux français de les débarrasser du glyphosate en trois ans,
– alors que plus de trente ONG représentant plus de 626 000 citoyens renouvelaient cette demande,
– alors que près de 300 scientifiques belges et néerlandais ont récemment demandé aux dirigeants européens de rejeter le renouvellement du glyphosate compte tenu de son impact négatif sur l’environnement,
– alors que le glyphosate est classé « cancérogène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer,
– alors que de nombreuses études scientifiques confirment ses effets néfastes sur la santé favorisant la mortinatalité, les malformations, les troubles du spectre autistique et la maladie de Parkinson,
– alors que des centaines d’études démontrent que l’emploi répété du glyphosate contamine les nappes phréatiques et les sources et ainsi nuit aux espèces aquatiques et terrestres et a des effets dévastateurs sur l’environnement,
– alors que la majorité des français et des européens rappellent à tous les politiques le besoin urgent et leurs engagements déjà pris de réduire l’usage des pesticides…
… Malgré tous ces éléments défavorables et les engagements pris devant la nation, ce jeudi 16 novembre dernier à Bruxelles, le Président Macron a choisi de ne pas choisir en s’abstenant de voter en faveur de son interdiction. Cette abstention aboutissant sur un non-sens sanitaire et un non-sens environnemental a inévitablement suscité une vague d’incompréhension parmi les organisations non gouvernementales. Une fois de plus, nos
représentants n’ont pas tenu compte des preuves scientifiques et la Commission européenne a de nouveau prouvé qu’elle se positionnait du côté de l’agrochimie et de l’agro-industrie en ré-autorisant le glyphosate pour une durée de dix ans.
Face à cette situation inadmissible, plusieurs ONG ont décidé de contester la ré-autorisation du glyphosate devant la Cour de Justice de l’Union européenne.
Mais nos parlementaires européens n’en sont pas restés là !
Le mercredi 22 novembre, ils ont voté contre le règlement européen « SUR » qui proposait de réduire de 50% l’utilisation des pesticides d’ici à l’horizon de 2030, comme le prévoit
la politique alimentaire principale de l’UE, dans la stratégie « de la ferme à la table ». De nouveau, ils ont majoritairement privilégié les profits des grandes entreprises agricoles au détriment de la santé et de celle de la planète. Ils endossent là une responsabilité importante vis-à-vis des générations futures.
Comment pourront-ils, sans un sentiment de culpabilité profonde, leur justifier un tel vote en toute connaissance des risques ?
Ce mois de novembre mouvementé a aussi été le théâtre de deux évènements apicoles importants.
Je commencerais par cet appel de la Confédération paysanne auprès des syndicats nationaux apicoles à manifester à ses côtés à Paris le 30 novembre pour réclamer l’arrêt des importations en Europe des miels à bas prix qui sont souvent des faux miels. Cette action se situe dans la continuité des courriers adressés aux deux ministères concernés en octobre dernier par le SNA. Ils avaient pour objet de réclamer des mesures urgentes d’aides économiques aux apiculteurs en difficulté compte tenu de l’arrêt quasi-total du marché du miel en fûts, aussi bien en France que dans toute l’Europe. Cette problématique n’est donc pas franco-française mais bien européenne, et pour cette raison le SNA et les autres syndicats membres de l’EPBA préparent des actions à mener auprès du Parlement européen afin de réduire ces inégalités tarifaires et relancer le marché des miels européens.
Pour finir sur une note positive, le deuxième évènement du mois a été le déroulement de la seconde édition du SimApi à Avignon qui a attiré plus de 5 000 apiculteurs dans une ambiance apaisée et de grande convivialité. Trois journées durant lesquelles ils ont pu assister à une douzaine de conférences qui ont toutes fait salle pleine, et découvrir sur plus de 6 000 m2 les 80 stands d’exposants européens.
Le rendez-vous pour la troisième édition en 2025 est pris !
Mais d’ici là se tiendra le prochain congrès international d’apiculture et d’apithérapie qui se déroulera à Tours en 2024 sous l’égide du SNA. Encore une belle occasion pour que la grande famille des apiculteurs puisse se retrouver !
Le moment est venu de vous souhaiter, au nom de l’ensemble du Conseil d’administration du SNA et du Comité de rédaction ainsi que de l’équipe de collaboratrices du SNA et de L’Abeille de France, de très belles et joyeuses fêtes de fin d’année !