9h00 – 10h00 : Claudia DUSSAUBAT
L’effet conjugué pesticide-parasite affecte la physiologie et la survie des reines d’abeilles (Apis mellifera)
INRA PACA – UR 406 Abeilles et Environnement – 228 route de l’aérodrome – Site Agroparc, Domaine Saint-Paul – 84914 Avignon Cedex 9, France
Dans la nature, les colonies d’abeilles domestiques (Apis mellifera) sont constamment exposées à des facteurs de pression multiples, entre autres les insecticides et des agents pathogènes, dont l’action conjointe est suspectée d’être à la base du déclin des colonies.
Face à la mortalité accrue des abeilles ouvrières, la fertilité de la reine est essentielle pour le renouvellement de la population et la survie de la colonie.
Or, les apiculteurs constatent des mortalités anormales de reines depuis plusieurs années, au point que certains d’entre eux changent systématiquement une partie importante de leur cheptel de reines afin d’éviter la perte de leurs colonies. Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes, tel que l’imidaclopride, sont au centre de la controverse à cause
de leur toxicité élevée et leurs effets à des doses sublétales pour des organismes non-cibles comme les pollinisateurs.
Jusqu’à présent la majorité des recherches ont ciblé les effets nocifs des pesticides et autres facteurs sur les ouvrières, alors que les reines peuvent aussi être exposées pendant de longues périodes, avec des conséquences létales.
Les effets de l’interaction chez l’abeille entre imidaclopride et le champignon parasite Nosema ceranae sont fortement suspectés, puisque les deux agissent sur des fonctions métaboliques qui peuvent servir à contrer une infection ou bien à détoxiquer un pesticide. Dans cette étude, nous avons évalué les effets de l’exposition indirecte à l’imidaclopride et/ou à l’agent pathogène N. ceranae sur les reines, d’abord en conditions de laboratoire et ensuite dans des conditions naturelles en ruches de fécondation.
Notre hypothèse et nos résultats seront exposés lors de notre conférence.
9h00 – 10h00 : Eric LELONG
Une Interprofession dans quel objectif ?
La filière apicole s’organise mais, comme tout changement, cela ne se fait pas sans crainte et sans contrainte.
Beaucoup de questionnements se sont fait jour suite à la création de l’interprofession, outil au service de la filière. Je souhaite partager avec vous les premiers temps de cette création et surtout échanger avec vous sur le travail en cours et sur les thématiques retenues.
L’élaboration d’un plan de filière sera présenté au ministre à partir de notre réflexion. Cette réflexion porte essentiellement sur trois axes qui sont : la résolution des problèmes de production, le marché des produits de la ruche, et la structuration de l’économie de la filière.
Les enjeux sont importants, alors que la France ne produit pas suffisamment de miel pour son marché intérieur, que la demande à l’export ne fait qu’augmenter, que bon nombre d’apiculteurs n’arrivent pas à vendre leurs productions sur le marché de gros, ou alors au tarif pratiqué il y a 10 ans ! Il est évident que cette situation n’est pas normale et qu’il nous faut des solutions.
Les risques environnementaux et sanitaires n’ont jamais été aussi importants ! Alors comment sécuriser nos exploitations quand l’État ne nous propose que des dispositifs peu ou pas adaptés comme : les calamités ou les FAC ? Comment minimiser les risques ?
Que doit-on attendre de nos outils de filières comme l’Institut (Itsap), les Adas, Ada France et qu’attendons nous de l’utilisation des fonds du Programme Apicole Européen ?
Le chantier est vaste et la tache ardue, deux bonnes raisons pour se mettre au travail dans les meilleurs délais. Apporter des solutions concrètes et pertinentes aux apiculteurs pour faire en sorte que notre métier ait un avenir…
14h30 à 16h00 : Bruno PARMENTIER
Des solutions nouvelles pour se nourrir, tous et bien, durablement.
La révolution agricole du milieu du siècle dernier a réussi à multiplier la production alimentaire mondiale par 3 à 5, voire 10 à 14, alors que la population n’a été multipliée que par 2,5. On mange mieux, par exemple les 1,3 milliards de chinois d’aujourd’hui mangent beaucoup mieux que les 700 millions de naguère.
Mais aujourd’hui les inconvénients de cette agriculture « tout pétrole-tout chimie » rattrapent ses avantages ; la productivité n’augmente plus, les terres et la biodiversité s’appauvrissent, les ressources s’épuisent, les abeilles meurent et on a le plus grand mal à affronter le réchauffement climatique.
Or il faut encore augmenter fortement la production agricole, particulièrement en Afrique et en Asie.
Il faut donc mettre en œuvre une nouvelle révolution agricole, agroécologique, intensivement écologique, qui s’éloigne largement de la chimie et du pétrole pour se recentrer sur l’énergie solaire et la biodiversité.
Il faut arrêter le labour pour cultiver nos sols 365 jours par an. Passer des alliances fécondes avec les 260 millions d’êtres vivants qui peuplent chaque M2 de terre. Cultiver nos engrais et nos herbicides, via des «plantes de
service». Elever nos insecticides et faire travailler les «animaux auxiliaires».
Remettre des arbres partout. Dans ces processus l’abeille et plus généralement les pollinisateurs sont appelés à jouer un rôle considérable.
Bruno Parmentier, ingénieur des mines et économiste, a dirigé pendant 10 ans l’Ecole Supérieure d’agricultures d’Angers. Auteur d’ouvrages comme Nourrir l’humanité, Manger tous et bien, et Faim zéro, il est consultant et
conférencier sur les questions agricoles et alimentaires, animateur du blog http://nourrir-manger.fr/, et administrateur de nombreuses associations et fondations agricoles, humanitaires et culturelles.
Entre autres, il préside le Comité de Contrôle de l’association Demain la Terre.